A propos de la réalité

Pour les asiatiques, un des défauts majeurs des Occidentaux consisterait privilégier systématiquement la réalité telle que décrite par les médias plutôt que celle qu’ils peuvent observer et vivre réellement dans leur quotidien. Je partage ce point de vue.

L’économie est sensée, dans le cadre d’une démarche scientifique, décrire le monde tel qu’il est. La morale, par contre, nous amène souvent à le décrire plutôt tel que nous voudrions qu’il soit.

Lorsqu’un économiste se relâche, il a tendance à mêler les deux approches, ce qui peut amener ses lecteurs à avoir l’impression qu’il brouille les cartes.

La bonne approche, pour observer le réel économique, doit, pour bien faire, relever de la démarche d’un explorateur curieux, ou de celle d’un réalisateur de documentaires ou peut-être encore d’un médecin légiste.

En définitive, un autre trait caractéristique de l’économie réside sans doute dans le fait que cette « science », qui se veut avant tout descriptive, est une « science » qui, somme toute, pose assez peu de question, alors qu’à l’instar d’Elon Musk, je partage le point de vue selon lequel : « Ce sont les question qui sont intéressantes. Lorsque l’on pose les bonnes questions, les réponses viennent assez facilement. »

Observer et décrire le réel supposerait donc de maintenir en éveil un esprit curieux, de poser de bonnes questions et de se méfier de ses sentiments et conceptions morales. Cela paraît assez simple. En pratique, cela ne l’est pas forcément.

Pour être tout à fait complet, ajoutons que personne n’a réellement la capacité de savoir si la bourse va monter ou descendre, si la croissance va ou non se poursuivre, si la déflation est souhaitable. Dès lors qu’il s’agit de prévisions, il convient de se rappeler que tout ce qui sera présenté, par qui que ce soit, ne sera jamais qu’une formulation d’hypothèses. Seul l’avenir nous dira quel pari se sera révélé juste ou pas, en définitive.

Par contre, s’il est aussi impossible de donner les gagnants qu’au tiercé, on peut assez facilement observer des tendances et en tirer des anticipations très générales (moins de matières premières suppose…) ou plus spécifiques (telle entreprise dispose de facto d’un monopole…).

En tout état de cause, même lorsque le hasard n’aura pas fait mentir telle ou telle approche prédictive, l’idée de rester humble finit souvent par échapper aux plus passionnés de la pratique. L’humilité constitue donc, elle aussi, un point d’attention tout particulier.

Finalement, y aurait-il une méthode à conseiller pour lire l’information économique et, au-delà de cela, la réalité ?

Peut-être.

Attention, la suite est très instructive, mais aussi politiquement très incorrecte.