Non. Même si je l’adore, je ne vais pas vous parler de Jack London. Peut-être sera-t-il question de Crocs Blancs, mais uniquement d’actualité, pas de chiens de traineaux.

Le saviez-vous ?

Le plus long tunnel sous-marin au monde (100 km) sera creusé à partir de 2020 sur le fond de la mer Baltique, entre les capitale estonienne et Finalndaise, Tallinn et Helsinki. Contre toute attente, ce n’est pas « l’Europe », mais es Chinois vont creuser et payer ce tunnel. 15 milliards d’euros viendront de Chine et 100 millions d’une société saoudienne.

Pourquoi les Chinois financent-ils et creusent-ils un tunnel à cet endroit ?

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D’abord parce qu’ils préfèrent investir dans le réel que dans de la fausse monnaie… pardon, dans des bons d’état du trésor américain.

Ensuite, parce qu’il faut bien occuper tous ces gens qu’ils ont formés et qui ont pris l’habitude de travailler dans tel ou tel secteur, alors que, même s’il n’est surtout pas question de l’avouer, tout ralentit structurellement.

Les « Routes de la Soie », parce que c’est bien d’elles qu’il s’agit, ne sont pas qu’un « ambitieux projet » : elles constituent une nécessité pour un pays qui manque de ressource (et qui s’est développé sans même se soucier de son eau potable, en flinguant 70% de ses nappes phréatiques) et, au-delà de l’emballage qui fait immanquablement penser à Marco Polo, elles sont une sorte de New-Deal destiné à éviter des troubles sociaux à l’intérieur et à asservir par la dette quantité de pays à l’extérieur ou, à tout le moins à les lier durablement aux intérêts de l’Empire du Milieu.

Mais revenons à notre petit tunnel.

L’investissement est en réalité bien plus important que les 100Km de tunnel, puisqu’on parle de plus de 6300 km et d’un morceau seulement de la “route de la soie maritime-terrestre”, qui devrait relier une soixantaine de pays sur trois continents. Les relier à quoi ? Les relier entre eux ? Non. Les relier à la Chine, bien sûr. Tous les chemins de l’antiquité menaient à Rome. Tous ceux du XXIème siècle doivent mener à Pékin. En tous cas, c’est l’idée.

Il s’agit ici de l’une des caractéristiques essentielles de la “Route de la soie polaire” (vous avez bien lu), qui est destinée à utiliser les mers arctiques qui sont appelées à être encore plus exemptes de glace demain, grâce au réchauffement climatique.

Voilà une approche pour le moins pragmatique et assortie d’une vision à long terme (que les chinois ne sont pas les seuls à avoir, mais ce genre de vision est plus compréhensible de la part de pays « arctiques » que de la part d’un pays d’Asie, limitrophe en grande partie du tropique du Cancer… Le Brésil n’a pas de « politique arctique », et personne ne s’en étonne).

Pour pouvoir dresser un parallèle Occidental, il faut remonter dans le temps et se souvenir que c’est le genre de projet franco-britannique qui, à une autre époque, avait vu se construire le Canal de Suez.

Aujourd’hui, de Shanghai à Rotterdam, en empruntant le tracé traditionnel du canal de Suez, justement, il faut naviguer entre 48 et 50 jours pour arriver à bon port.

Avec la route polaire ce nombre sera ramené à 33 jours, ce qui signifie un raccourcissement des délais, mais aussi des distances et donc des consommations.

Dans un monde où le pétrole est appelé à se raréfier, c’est le genre de démarche pour le moins stratégique.

Et de l’autre côté ? A l’Ouest ? Rien de Nouveau ? Si. Cela raccourcira également le trajet entre l’Atlantique et le Pacifique le long du Groenland, du Canada et de l’Alaska, par rapport au passage par le canal de Panama.

Les navires chinois ne se sont pas contenté d’imaginer la chose : ils font les choses correctement. Ils ont déjà testé les deux routes.

Fin mai, le vice-Premier ministre russe Maxim Akimov a annoncé que Moscou pourrait également rejoindre le projet de Pékin.

Il est grand temps d’investir dans les pays Nordiques (dont, ça tombe bien, les monnaies ne sont pas arrimées à l’Euro, la Norvège ne faisant pas partie de l’Union, tandis que la Suède a gardé ses Couronnes).

La Chine est prête à jouer un rôle de tout premier plan:  non seulement, elle marque sa présence commerciale, politique et militaire dans le monde, mais le projet va plus loin puisque, de surcroît, elle s’apprête à exploiter le sous-sol de l’Arctique.

Les estimations sont encore très disparates et sont dès lors peu fiables, mais il semblerait que nous parlions ici d’un nouvel Eldorado, qui pourrait représenter jusqu’à environ 20% de toutes les réserves de la planète: pétrole, gaz, uranium, or, platine et zinc … et même terres rares !!!

Pendant que les médias attirent notre attention sur les troubles persistants et bien réels du Moyen Orient, terre d’enjeux en décrue, on comprend pourquoi les pays scandinaves sont de plus en plus préoccupés de leur sécurité et pourquoi, l’air de rien, pas mal de pays majeurs se désintéressent de plus en plus du Golfe, voire aussi de l’Asie Mineure qui, aujourd’hui, sont déjà largement exploités. Le gâteau oriental est déjà réparti. Mais il y a manifestement d’autres parts à prendre ailleurs.

Pékin a déjà commencé à « commander » des brise-glace, notamment – un appel d’offres récemment fermé, c’est-à-dire d’abord ouvert aux autres nations puis réservé uniquement à des entreprises chinoises, sans doute après avoir réussi à pomper deux ou trois idées – en ce compris des brise-glaces à propulsion atomique, comme les porte-avions.

Il s’agirait de navires d’un nouveau type, le plus grand au monde qui pourrait  briser une couche de glace d’un mètre et demi d’épaisseur.

Là aussi, pour trouver des exemples similaires côté Occidental, il faut remonter à la veille de l’apogée de la Grande Bretagne (= Angleterre + Ecosse, sans l’Irlande, à l’époque ; le Royaume-Uni comprenant lui, l’Irlande en plus… j’ai mis 43 ans à capter la différence et à savoir lire les différentes couches de l’Union Jack). Exclue du très juteux commerce asiatique sur lequel les Espagnols et, plus encore, les Portugais avaient mis la main, la Grande Bretagne n’eût d’autre choix que (1) d’ouvrir de nouvelles routes, terrestres, en alliance avec l’Allemagne, passant par l’Europe Centrale et (2) d’augmenter très nettement l’efficacité de sa marine, avec une approche très scientifique et des développements innovants. Ici, c’est rigoureusement pareil : l’histoire se rehjoue. Sauf que c’est la Chine qui est à l’initiative.

La Chine a également commencé à tester le “Snow Eagle”, un avion conçu pour les vols polaires, et étudie ce que peut faire un sous-marin sous la glace (ce qui pose, semble-t-il, des problèmes spécifiques).

Que des Etats Arctiques, comme les USA (Alaska) ou la Russie, fassent ce type de recherche est, somme toute, bien compréhensible.

Que la Chine veuille s’immiscer dans cette zone qui constitue traditionnellement (et géographiquement) un duopole, est un peu plus étonnant. Or, il semblerait qu’elle ait la bénédiction d’au moins un des deux acteurs principaux de la zone.

Certes, la fonte des glaces facilite l’exploitation de ce qui se trouve en-dessous, et certes ceci est particulièrement sensible au Groenland, mais précisément le Groenland (pays vert, comme son nom l’indique, ainsi appelé parce que lorsqu’Erik Le Rouge, explorateur Norvégien, l’a découvert, vers le 10ème siècle, il avait été frappé par sa verdeur, ce qui signifie donc que ce pays n’a pas toujours été recouvert de glaces et que c’est peut-être plus « normal » et dans une perspective longue, peut-être pas à ce point inquiétant qu’il le soit de moins en moins…) est un terrain de jeu, voire un porte-avions naturel réservé par les USA.

L’Etat Chinois a, directement ou indirectement, acheté ou alors il gère ou intervient de façon prépondérante dans la gestion des 4 plus importants gisements minéraux du pays (le Groenland) avec ses sociétés d’État.

À l’extrême nord du fjord Cjtronen, il y a du zinc, géré à 70% par le NFC chinois, ce gisement étant considéré comme un des, sinon le plus riche du monde.

Ce gisement présente un caractère stratégique car s’il était stoppé, il pourrait freiner la demande de zinc et partant la croissance de la Chine, sachant que la demande de zinc qui a augmenté de 122% de 2005 à 2015.

Ensuite vient le gisement de cuivre de Carlsberg, qui est un lieu et pas seulement une marque de bière Danoise : celui-ci a été racheté par Jangxi Copper, un géant d’État considéré comme le plus grand producteur de cuivre Chinois au monde. Son ex-président venait d’être condamné à 18 ans de prison pour corruption au moment de la signature du contrat.

Il y a aussi Kvanefjeld, dans l’extrême Sud: il s’agit d’une réserve jamais exploitée jusqu’ici d’uranium et de «terres rares», les métaux utilisés pour la construction de smartphones, batteries et disque dur…mais aussi, pour construire des missiles.

Kvanefjeld, qui est un Fjord accessible uniquement par voie maritime, appartient à la société australienne Greenland Minerals Energy (société qui a le bon goût d’être côtée, dans une monnaie qui n’est ni l’Euro, ni le dollar US, et qui est celle d’un pays fortement lié aux matières premières et drôlement bien géré… notamment par un belge liégeois germanophone!?) et à 12,5% de la société d’État chinoise Shenghe Resources, considéré comme le plus important fournisseur de “terres rares” sur les marchés internationaux.

Avec un investissement de 1,3 milliard de dollars, le champ sera en mesure de fournir l’une des meilleures productions au monde de “terres rares”.

D’un point de vue purement capitalistique, et donc juridique, le rôle de Shenghe est limité, mais son rôle dans le projet n’est pas : le produit extrait de Kvanefjeld sera un concentré de “terres rares” et d’uranium, dont les éléments devront être traités et séparés, ce qui se fera principalement à Xinfeng, dans Chine, où les usines les plus modernes sont déjà en construction.

Dans le projet, il est aussi question pour la Chine de construire un nouveau port, dans la baie à côté du terrain exploitable.

La Chine possède déjà plus de 90% de toutes les “terres rares” du monde. Elle en contrôle donc la production et les prix.

Avec ce qui viendra du gisement de Kvanefjeld, cela fermera presque le cercle.

Le géant chinois CCCC est également impliqué dans le travail portuaire, et d’ores et déjà déjà inscrit sur la liste noire de la Banque mondiale pour fraude présumée aux Philippines.

Les dirigeants de Shenghe ont formé en janvier dernier une joint-venture avec des filiales de China National Nuclear Corporation.

Beijing a enregistré un autre succès nordique, dans un tout autre registre.

Cette fois, nous sommes à Karholl, en Islande: l’observatoire météorologique et astronomique nommé CIAO (Observatoire conjoint des sciences arctiques Chine-Islande), est un bâtiment de 3 étages, et 760 mètres carrés, qui peut sembler inoffensif.

Financé intégralement par la Chine,  le bâtiment contrôle nombre d’aspects du  changement climatique et les aurores boréales, certes, mais il semble qu’il observe aussi, voire surtout les itinéraires satellites et, plus largement, … l’espace aérien de l’OTAN.

Halldor Johannson est facialement l’adjoint du responsable de l’observatoire.

En Islande, il est également le porte-parole de Huang Nubo, un entrepreneur milliardaire et ancien dirigeant du Parti Communiste Chinois, qui avait tenté en 2012 d’acheter 300 km de forêts islandaises moyennant environ 7 millions d’euros dans le but officiel d’y développer un parc naturel et touristique, alors qu’il avait précisément choisi des forêts qui constituaient un nœud de routes stratégiques pour l’OTAN…

Dans la série « Occupied », la Norvège est occupée à l’occasion d’un « conflit de basse intensité » par la Russie, pour des questions d’intérêts pétrolier…

Il semblerait que l’excellent Jo Nesbo, le romancier et, en l’occurrence, scénariste de la série, ait une guerre de retard : l’occupation est en cours. Elle se fait de façon économique, très sournoise et si elle se passe surtout dans le Grand Nord, elle nous concerne tous, directement et n’est pas le fait des Russes.

Les renseignements qui précèdent sont très largement issus et en partie traduits librement d’un article du Corriere della Serra paru le 23 juin dernier, et rédigé par Milena Gabanelli.