Il y a eu un livre célèbre, intitulé « Malaise dans la civilisation » (Freud).

Il y a des idées de « choc des civilisations », qui sont apparues fort opportunément au tout début des années 90 et ont servi les intérêts des « faucons » américains.

N’importe qui peut sentir confusément qu’il y a à la fois un malaise et que les champs de lutte et les clivages n’ont jamais été aussi nombreux à tous les étages de la société, y compris la société civile.

Voici, en très peu de phrases, comment et pourquoi, d’après le (très court) résumé de l’excellentissime livre d’un sociologue américain encore méconnu à l’heure actuelle.

La logique du Marxisme veut que les classes luttent.

Or, l’électorat du parti démocrate américain appartient de moins en moins aux classes laborieuses, qui sont bien conscientes de l’absence d’antagonismes fondamentaux d’intérêts entre ceux qui bossent et les capitalistes : ils ont besoin les uns des autres. Les ouvriers, qui se reconnaissent de moins en moins dans le parti démocrate, savent aussi que le capitalisme reste, malgré tous ses défauts, ce qui favorise le plus l’ascension sociale.

Au parti démocrate, c’est un constat. Cruellement factuel.

Damned ! Plus de lutte et plus d’électeurs…

Comment faire ?

Prenant acte de cette réalité, les démocrates américains, nous explique le très éclairant sociologue D’Souza, ont tenté de construire un « nouveau prolétariat » : non plus un prolétariat économique, mais un prolétariat socio-culturel composé de minorités considérées comme foncièrement opprimées par le système en place.

En segmentant la société suivant divers critères (origine ethnique, genre, orientation sexuelle, etc.), les « progressistes » américains se sont ainsi employés, argue D’Souza, à créer une sorte de « coalition de minorités opprimées », qualifiée sous d’autres temps et en d’autres lieux de démocratie détournée par les minorités agissantes.

Et voilà à quoi ressemble le « new socialism »… une dictature de la bien-pensance en faveur des minorités prétendument opprimées (particulièrement celles d’entre elles qui se donnent les moyens d’être aussi agissantes) et qui doivent surtout le rester, sinon ceux qui prétendent les défendre n’auraient plus de raison d’être.

Voilà qui crée, en multipliant les clivages, quantités de tensions dans une société où, à bien y regarder, on devrait plutôt se réjouir de ne vivre pas si mal.

Cette stratégie du « multiculturalisme » poursuit donc un but électoraliste clair. Stratégie qui  peut donner parfois l’impression de réussir, tant elle agite l’opinion.

Il reste juste un tout petit problème à résoudre : la majorité, pour silencieuse qu’elle soit le plus souvent, s’exprime quand même de temps en temps.

D’où le concept très négativement connoté de « populisme »…

Ouf ! (se disent les démocrates) On a réussi à relancer comme jamais l’idée d’une lutte perpétuelle.

Nous voilà sauvés, se disent-ils encore.

Personnellement, j’en doute, bande d’escrolos-bobos.

Je persiste à penser que les gens préféreront la paix et l’harmonie plutôt que le repli sur soi fut‑ce au sein de chaque « communauté » et une lutte de tous contre tous qui en sus d’être épuisante, ne mène à rien.