Les sanctions économiques contre la Russie sont d’une ampleur et d’une rapidité inédite : Saint Vladimir aura réussi à réunifier l’ensemble du camp occidental « Atlantiste » et l’OTAN comme personne n’aurait osé en rêver.

Même Monaco et la Suisse ont pris des mesures contre la Russie. C’est tout dire !

La Russie avait réussi à sortir d’une économie en circuit fermé, coupée du monde, pour rejoindre le système ouvert que nous connaissons, système qui avait contribué à son redressement et permis à ses citoyens de voyager librement dans le monde. La re-voici à la veille de 1989 à bien des égards.

Si, militairement, l’issue du conflit laisse peu de doute, économiquement, il est très facile de lire qui perd et qui gagne.

La déconnexion des principales banques russes du système SWIFT, et le gel d’environ 40% des réserves de la Banque centrale russe ont engendré quasi immédiatement un nouvel effondrement du rouble (-30%) et, en conséquence, une forte hausse du taux directeur russe (à près de 20%, tout de même ! Pour les taux courts, qui étaient à 9,5%, comme pour les taux longs)… à cet égard, voyez l’article de l’excellent journal suisse le Temps.

Interdiction faite aux particuliers d’acheter ou même de détenir des devises étrangères, … bourse de Moscou fermée par précaution, … Particuliers russes qui se ruent dans les banques pour retirer leur argent, mais se trouvent face à des agences qui ferment, incapables qu’elles sont de faire face à de telles demandes de retraits …

La Russie est un nain économique, mais un géant de l’énergie. Et pourtant…

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Les sanctions continuent de s’accumuler au fil des heures et les conséquences pour les fleurons russes, y compris dans ce domaine, sont déjà bien palpables : -72% en quelques heures pour la banque russe Sberbank à la Bourse de Londres et un risque de faillite de ses filiales européennes, -30% pour le géant de l’énergie Gazprom (-60% depuis le 1er janvier), -43% pour Rosneft ce lundi (un autre géant de l’énergie).

Si l’Allemagne dépend du gaz russe, d’après la Tribune (excellent journal, soit dit en passant), la France est le 1er employeur étranger avec 160.000 collaborateurs, et elle est aussi le 2ème investisseur direct sur place. Les sociétés concernées sont : Société Générale, Danone, Renault et surtout Total qui, au contraire de Shell, d’Exxon et de BP semble peu encline à se retirer rapidement du pays…

L’annonce de l’interdiction de certaines banques russes dans le système interbancaire SWIFT va constituer un frein pour le secteur bancaire dans son ensemble, mais bien évidemment plus encore pour  les banques occidentales qui ont des intérêts en Russie. Côté Français, par exemple, c’est la Société Générale qui morfle : très tournée vers l’international, elle est propriétaire de Rosbank.

Parallèlement, avec d’autres valeurs du secteur de la défense, Thalès pour continuer à citer des Français, voyait son action prendre 9,8% dans la seule journée de lundi (28 février) et +24% sur la semaine ! L’action Lockheed Martin gagne 4,58% en séance, +11,14% sur une semaine… et ceci avant qu’Olaf Scholz annonce la décision de son gouvernement de faire passer son budget défense à 2% du PNB du pays. Augmentation aussi pour British Aerospace, plus encore pour l’entreprise allemande Rheinmetal… et sinon, les fonds « ESG », ils en pensent quoi ? Et Greta, on lui a demandé son avis ?

Notez que l’investissement dans les actions et la dette russe était considéré comme acceptable pour les fonds ESG avant la guerre. Tout comme Covea, qui était vivement recommandé. Il y a des moments où je suis vraiment heureux d’être un vieux con rétrograde !

Economiquement, les résultats sont très nets avec, toujours en exemple ce lundi 28, le Dow Jones et le Nasdaq cédant “seulement” -0,45% et 0,65%…

L’Ukraine étant, selon l’expression consacrée, le grenier à blé de l’Europe, dans un contexte où, de surcroît, les récoltes ont été hyper-mauvaises, c’est peut-être le moment de penser à Danone, Nestlé ou Procter and Gamble…

Par ailleurs, même l’Allemagne faisant volte-face dans sa politique énergétique, et envoyant aux oubliettes sa méfiance vis-à-vis du nucléaire dans le but de réduire sa dépendance au gaz russe, c’est tout bon pour Areva, Thomson, … sans parler d’EDF, mais aussi d’ABB.

Le Fonds souverain norvégien a annoncé qu’il allait attendre un peu, pour ne pas accélérer la panique, mais qu’il allait céder l’intégralité de ses 2,8 milliards de titres russes.

La volatilité va faire les affaires de bien des boursicoteurs pendant encore quelque temps !

Au chapitre des sociétés spécialisées dans l’investissement, les fusions acquisitions et les spéculations, signalons le bénéfice net en hausse de 343% pour la banque Rothschild & Cie !

Pour la population russe, l’inflation va devenir dévastatrice…

Une partie de son salut dépend de la Chine qui, évidemment, n’a pris aucune sanction contre la Russie et profite même de la situation pour accroître ses réserves d’énergie.

L’étape suivante va se jouer du côté de la Chine,… qui doit se dire qu’elle a sans doute bien fait d’attendre un peu avant d’envahir Taïwan.

Pour ceux que l’Asie intéresse, sachez que si vous comptez vous y rendre en avion, il va falloir penser à envisager quelques détours… ça risque de prendre un peu plus de temps que d’habitude. Bon courage aussi aux Occidentaux qui n’auraient pas encore quitté la Russie ou aux Russes qui seraient encore en Occident. Au fait, il est valable combien de temps, leurs tests PCR aux uns et aux autres ? Cet été sera plus celui des minitrips en Toscane que des vacances en Thaïlande.

En attendant, on se décide à ne pas abandonner le nucléaire, et on se réarme suffisamment pour se défendre… et les écolos-bobos ont le bon goût de se faire oublier.