Cet avis tient dans le constat que les peuples, désorientés par la coronacrise, vont poser de mauvais choix et dans le fait que c’est en Europe que ce sera le plus sensible.

Selon lui, l’Italie, par exemple, pourrait quitter l’Europe, tandis que d’autres ennemis intérieurs (à l’Est) pourraient également s’en éloigner.

J’ajouterais que la gestion de l’aide européenne à géométrie très variable, dans laquelle tout le monde s’endette, mais certains sont autorisés à rembourser nettement moins est déjà un signe de dislocation effective.

Pour en revenir à l’avis de Monsieur Soros, il pense que les ennemis de l’Europe (selon lui, la Chine et la Russie), en profiteront pour (1) accentuer la tendance (via « l’astro-turfing », par exemple, c’est-à-dire la manipulation de l’opinion via les réseaux sociaux en période de campagnes électorales) et (2) s’emparer de tout ce qu’ils pourront.

Monsieur Soros, parle aussi d’attaques idéologiques, contre les valeurs et le « projet » européen (alors qu’à mon sens, le problème principal de l’Europe serait plutôt qu’elle est une technostructure de plus en plus dépourvue de projet autre que : « continuons comme on a toujours fait, maintenons-nous »).

J’ajouterais également que les USA ont nettement intérêt à ce que l’Europe ne soit ni trop forte ni trop attractive, d’autant que la dette Nord-Américaine est détenue à plus de 55 % par des étrangers et que les très dispendieux USA n’ont absolument aucun intérêt à ce qu’une monnaie vienne concurrencer le dollar dans les échanges internationaux, ni à ce qu’une autre zone vienne, à leur détriment, attirer des capitaux ! Il serait dangereux pour eux que les décideurs des pays, qui sont aussi leurs créanciers et sont en butte à un impérialisme agressif qui avance de plus en plus à visage découvert, se disent qu’il y a sans doute au moins une autre zone où placer ses billes…

Voilà sans doute la véritable raison pour laquelle Monsieur Soros juge que « l’Europe va être attaquée par ses ennemis intérieurs et extérieurs et ce au détriment de l’euro », tout en omettant de préciser que son pays, s’il reste un partenaire sur bien des plans, est aussi un ennemi ou au moins notre tout premier adversaire du point de vue monétaire.

Pour ce qui est d’être attaqué, et au risque de me répéter, j’écrivais il y a peu que la coronacrise éclipsait toutes les autres informations, et notamment celle-ci : la Turquie avait massé des troupes à ses frontières avec la Grèce pour éviter que cette dernière refoule les millions de migrants qu’elle avait soudain décider de laisser passer (l’UE évoque plus de trois millions de migrants, la dernière info des médias de masse sur le sujet datant du 9 mars, juste avant le confinement).

Or, on sait aujourd’hui que, depuis que du gaz a été découvert au large de Chypre, côté Grec, la Turquie envahit de facto la Grèce, en effectuant des recherches dans ses eaux territoriales, au point que, ce mercredi 12 août, la Grèce a alerté l’UE, la France décidant immédiatement d’augmenter plus que sérieusement sa présence en Méditerranée.

Or, la Turquie, que les USA voulaient à toute force faire entrer dans l’OTAN et à propos de laquelle ils poussaient aussi pour une entrée dans l’UE, est désormais plus que clairement l’alliée militaire de la Russie et elles ont toutes deux visées expansionnistes (cf. la Syrie).

Le scénario de la stratégie de l’occupation de fait, sans déclaration de guerre, voire sous couvert d’uniformes sans identification (vastes zones en Ukraine), ou sous couvert de la présence de vastes gangs « d’origine Russe » (dans d’autres pays d’Europe centrale) est désormais une stratégie qui est en train de devenir systématique : j’en ai déjà parlé à maintes reprises, mais je vous invite à nouveau à voir la superbe série Franco-Norvégienne « Occupied », qui décrit on ne peut mieux cette mécanique, la Norvège étant occupée de facto pour son pétrole.

C’est dans le cadre d’un plan de défense que, dès 2016, l’Allemagne a conseillé à ses habitants de prévoir de disposer en permanence de deux semaines de nourriture. En 2017, la Suède (pays qui, rappelons-le à nouveau, a su éviter la première et la deuxième guerre mondiale) a restauré le service militaire, puis a commencé à distribuer à sa population, dès 2018, un manuel sur « que faire en cas de guerre », manuel que les Suédois ont eu la courtoisie de traduire pour les résidents étrangers. Et le 17 juin 2020, le général Burkhard, chef d’état-major des Armées Françaises, via le journal Le Monde, alertait l’opinion sur la probabilité toujours plus forte d’un conflit entre états impliquant la France. Sans préavis, le Grand Quartier Général des forces armées en Europe a été déplacé de Stuttgart à Mons (60 km au sud de Bruxelles, l’hébergement des données européennes de Google se faisant juste à côté, pour ne pas dire au même endroit, à un jet de pierre de la société « Swift »), la Belgique étant une des seules nations qui a signé un accord avec les USA pour que ses forces armées aériennes puissent « transporter » des bombes atomiques américaines…(ceci expliquant aussi, au passage, pourquoi les Belges risquaient peu d’acheter des Rafales et pourquoi ils ont préféré les F-35 américains : c’était couru d’avance). Pourquoi les USA sentent-ils un besoin, manifestement très urgent, de bouger le siège de leurs forces armées en Europe ?  Est-ce parce que les Allemands et les Français n’ont plus confiance en l’Europe et sa structure de défense (c’est dans le cadre du renouvellement du traité militaire de 1953 unissant les deux pays qu’ils ont ensemble créé un Parlement, un vrai, élu au suffrage universel, ce dont à nouveau, « on » parle à peine dans la presse mainstream) ?

Nous avons vu récemment l’invasion puis l’occupation de l’est de l’Ukraine. Il suffit de se rendre sur place pour apprendre, voire observer, qu’un tiers du pays est occupé et qu’il y a une ligne de front : les armées des deux pays se font face, sur une bande de 3 à 5 km de large, qui court du nord au sud du pays, la Russie assurant : des « missions de police et de sécurité » (comme les Français en Algérie, en somme). Nous voyons que Monsieur Poutine, qui ne souhaite pas lâcher le pouvoir, a pour but de « renforcer les liens » entre son pays et la Biélorussie : devenir Président d’une confédération qui réunirait la Russie et la Biélorussie lui permettrait à la fois de rester au pouvoir, mais en dirigeant en sous-main la Russie depuis un ensemble plus vaste. C’est son plan de carrière, et il n’est même pas voilé. Monsieur Erdogan, qui accuse Monsieur Macron de « colonialisme-spectacle » au Liban (ce sur quoi, one ne peut pas lui donner tout à fait tort) ne cache pas sa nostalgie de l’empire ottoman, son hostilité à l’Occident et son profond respect, pour ne pas dire plus, de la Russie… Tout ceci alors que les américains souhaiteraient que nous accueillions l’Ukraine dans l’OTAN !!!!!! Qui nous pousse à la guerre ?

Je crains beaucoup qu’il manque pas mal de morceaux à l’analyse de monsieur Soros, mais je partage son avis quant au fait que l’Europe est à l’aube de nouvelles difficultés… que les américains n’ont pas forcément intérêt à nous voir aplanir.

L’Europe est en effet un enjeu plus qu’un acteur et, en somme, je crains beaucoup que le « coronavirus » ne soit pas, en réalité, notre principal soucis.

Je crains donc encore plus que nos dirigeants regardent, dans leur immense majorité, dans la mauvaise direction et je dois bien avouer que je pense, enfin, que ce qui est en train de commencer en Méditerranée, au large de Chypre, ne soit pas du tout un épisode favorable de ce qui se joue sous nos yeux et dont « on » nous parle si peu (et pour cause !) à nous, citoyens européens qui paieront les conséquences de tout cela, alors que nous pourrions aussi bien tirer les marrons du feu si au moins nous avions envie de nous fixer des objectifs et de les faire respecter au lieu d’être à ce point tendus autour de notre confort quotidien.

Il est vrai que les institutions de l’UE ont été créées sur la recommandation de l’OCDE, elle‑même émanation du Plan du général Marshall, grand vainqueur de la deuxième guerre mondiale, et que nombre des dirigeants du « politburo » à la tête de ces institutions (n’était-ce pas comme cela que l’on appelait les douze personnes non-élues à la tête de l’URSS… ?) continuent de faire régulièrement des allers-retours avec Goldman Sachs

Il n’y a pas à dire : la machine est bien huilée, Monsieur Soros, mais si les « ennemis intérieurs » de l’Europe se réveillent, je ne suis pas certain que cela soit forcément si contraire que cela à vos intérêts propres, en tous cas, probablement moins à long terme qu’à court terme.

Et, à propos des vieux de la vieille, des risques majeurs et notamment des risques liés aux monnaies et  : Warren Buffet achète de l’or. Son groupe s’éloigne du secteur bancaire.