Inspirée comme chacun sait par la déclaration des droits de l’homme de 1789, en France, la Convention Européenne des droits de l’homme est sensée être la clef de voûte de nos systèmes juridiques et de nos systèmes de valeur à nous, Occidentaux, qui aimons faire la leçon au monde entier.

Nous tirerions notre supériorité du fait que, même en temps de guerre, nous nous sommes engagé à respecter ce texte, revêtu d’un caractère sacré.

Si je lis bien, l’article 6 de la Convention européenne des droits de l’homme prévoit le droit à un procès équitable, tandis que l’article 9 prévoit la liberté de pensée, de conscience et d’opinion  et d’opinion et l’article 10 celle d’exprimer ses opinions.

L’article 14, quant à lui, interdit toute discrimination sur la notamment du sexe, la race, la couleur, la langue, la religion, l’appartenance à une minorité nationale et plusieurs autres, et plus significativement ce même article indique que cette liste n’est pas exhaustive.

Parallèlement, les Constitutions des pays européens prévoient tous que l’on ne peut être dépossédé de ses biens qu’en vertu d’un jugement présentant un certain nombre de garanties ou moyennant une juste et préalable indemnité (en cas d’expropriation pour cause d’utilité publique).

Pourtant, si je suis Russe aujourd’hui, et que je possède une villa sur la côte d’azur, ce que j’ai sans doute décidé car je pensais que les occidentaux étaient lus respectueux que d’autres nations de la propriété privée, et alors même que la guerre n’a pas été déclarée à la Russie, aucun de ces textes ne semble d’application.

Je ne suis pas du tout « pro-Russe », mais il me paraît que cela NOUS pose question : quand va-t-on venir me saisir arbitrairement simplement parce que j’ai des amis ou des pensées qui ne plaisent pas ? C’est une hypothèse dont je crains bien qu’elle entre désormais dans le domaine du possible.

Pourquoi est-ce que je vous en parle aujourd’hui ?

Parce que ce sont les cinq ans de la revue Perluciditas® et que les lecteurs apprécient la liberté de ton qu’on peut y lire et qu’au chapitre des libertés constitutionnelles, la plupart des pays Occidentaux consacrent la liberté de la Presse.

Or, après s’être vu supprimé le droit de presse en Allemagne fin 2021, « NT Russia », anciennement Russia today, s’est vue aussi interdire d’émettre en France. Il est très possible que « RT Russia » soit effectivement une chaîne qui participe à la « désinformation » Russe en Occident, mais à dater du 02 mars, elle s’est vu interdire toute activité en France, y compris sur Internet, sans enquête préalable et sans jugement, tout comme les particuliers Russes qui ont été saisis en France et en Grande Bretagne l’ont été sans jugement.

En France, RT Russia est une société de droit Français, qui compte 170 salariés.

Il me semble qu’elle a plus que raison d’avoir porté sa cause devant la CJUE, le tribunal européen : à quoi cela sert-il de vanter qu’on a aboli la censure et de prétendre imposer au monde entier des droits que nous bafouons gaiement nous-même ? Nous n’y gagnerons aucun respect et, tant qu’il en est encore temps, les citoyens encore doués de raison dans nos pays feraient bien de s’en inquiéter. Pas pour les Russes : pour nous !

Non seulement nous nous ferons des ennemis. Les personnes qui étaient encline à se préparer un refuge « chez nous », souvent plus ou moins hostiles à leur régime, y regarderons désormais à deux fois ; mais surtout : à quand notre tour ?