Les frasques de l’ami Trump scandalisent et révoltent et, à ce petit jeu, notre presse bien‑pensante n’est pas la dernière à le condamner.

Dernier exemple en date ? Vous vous souvenez que je vous parlais récemment d’un débat sur les aides exceptionnelles aux chômeurs Américain, débat animant le Congrès. Les Républicains voulaient les supprimer ou au moins les réduire à 200 dollars, les démocrates voulant les prolonger et les porter à 600 dollars.

Trump a tranché : tel Salomon, il prolonge, mais pas trop et les fixe à 400 dollars. Voilà ! Hop ! Fin de la discussion.

Juste un tout petit problème : il agit par voie « d’arrêté présidentiel », ce qui n’existe pas en droit américain et, qui plus est, en dehors de son champ de compétence…

Ça vous fait rire ?

C’est pareil chez nous, voire pire…

De ce côté-ci de l’Atlantique, en Belgique, où il n’y a toujours pas de gouvernement, il y avait un gouvernement dit « de pouvoirs spéciaux », dont le mandat s’est arrêté le 30 juin.

Sur la base de ces pouvoir spéciaux dont il ne disposait donc plus, c’est-à-dire pas plus que n’importe quel citoyen Belge, le 16 juillet, le Ministre de l’Intérieur, tout seul comme un grand, a décidé d’un arrêt qui « interprète une loi pénale » et qui en présente tous les attributs (avec des sanctions et tout, et tout…).

N’importe quel juriste de première année ou en tous cas de deuxième année est censé savoir qu’en vertu de la Constitution Belge, sans même évoquer la problématique relativement complexe des « pouvoirs spéciaux » et de l’absence de gouvernement (rassurez-vous : ils perçoivent un salaire « comme s’ils étaient vraiment ministres », sans doute avec les impôts des restaurateurs à qui ils interdisent illégalement de bosser, mais c’est un détail), il ne peut être prévu de sanction pénale qu’en vertu de la Loi (ce machin en voie d’obsolescence voté à la majorité par un parlement élu démocratiquement) !

En clair, Monsieur De Crem, Ministre belge de l’Intérieur et d’autres (des bourgmestres) avec lui entendent, par le biais d’une « interprétation de la loi de Police » s’arroger des pouvoirs qu’ils n’ont absolument pas.

Seuls quelques rares professeurs d’université (Monsieur Thirion, Professeur de droit commercial à Liège) et quelques très rares avocats s’en émeuvent. Juridiquement, nous sommes pourtant en train de basculer gentiment dans un état policier et une dictature (quand un seul homme dépourvu de pouvoir légal prend des normes pénales et que cet homme est, de surcroît, chef de la police, je vois mal comment qualifier ça autrement).

A ce petit jeu, c’est Monsieur Macron qui emporte, à mon sens, la palme du ridicule : se rendant au Liban immédiatement après les explosions, il a « exigé » (sic ! Si !) un nouvel accord de gouvernement. Et, attention, il a précisé qu’il reviendrait le premier septembre vérifier où en sont les Libanais. Sinon quoi ? On ne sait pas trop bien.

Outre que je trouve assez indécent d’aller exiger quoi que ce soit d’un pays qui est en train de compter ses morts, j’ai loupé un épisode : quelqu’un peut-il m’expliquer quand le Liban est passé sous administration Française ?

Avant d’aller faire la leçon au monde entier, il serait grand temps de mettre un peu d’ordre chez nous… ou d’avouer qu’on n’est plus du tout en démocratie (à l’exception de la Grande‑Bretagne, de la Suisse, des Pays-Bas, de l’Autriche et de la Suède, as far as I can see).

De source sûre : la France craint un grand retour des gilets jaunes. Sans blague ? Complément d’info : depuis le début de l’année, plus de 230 maires ont été agressés, c’est 15 % de plus que l’an dernier à la même période (étant entendu que 200, c’était déjà beaucoup trop). Plus largement, les refus d’obtempérer et les violences contre les forces de l’ordre sont DÉJÀ en train d’exploser.

En ce qui concerne Monsieur Trump, pour être complet, dans son « arrêté présidentiel », il décide aussi de suspendre les charges sur les salaires pendant trois mois (contre l’avis de son propre camp), tout en promettant électoralement d’annuler purement et simplement ces charges s’il est réélu le 3 novembre prochain. Cela nous indique qu’il y a au moins de grandes constantes : même dans leurs dérives, certaines nations ont plus le sens du commerce que d’autres.

Ce sont nos libertés qu’il serait grand temps de préserver du « Coronavirus ».