M’est avis que nous sommes dans une société dominée par les communicants : ces sculpteurs d’air chaud s’intéressent à ce point à la forme, sans doute un peu parce qu’ils éprouvent quelques difficultés à comprendre le fonds, de quelque fonds qu’il s’agisse.

Or, les scientifiques, eux, s’intéressent plus au fond qu’à la forme, et c’est le cas aussi pour les véritables professionnels. Or, dans des sociétés de plus en plus spécialisées, ceux-ci risqueraient d’en venir vite à des considérations techniques complexes. Pas toujours compliquées, mais complexes. À l’ère du PowerPoint et du « simplifions tout, tout le temps », la démarche s’inscrit d’emblée à contre-courant de l’air du temps.

Les communicants seraient-ils seuls responsables de l’état de fait que je viens d’évoquer ?

Il y a d’autres raisons, et de ces raisons, il semblerait que les scientifiques soient eux-mêmes parfois les premiers responsables. Elles sont exposées dans un livre publié en anglais au « National Academies press », en 2017, ouvrage dont le titre est en soi révélateur, puisqu’il est intitulé : « Fostering integrity in research » (promouvoir l’intégrité dans la recherche).

Les trois grandes académies américaines (science, ingénierie, médecine) ont en effet jugé que nombre de leurs confrères étaient souvent aussi intègres que des coureurs du tour de France qu’ils ont décidé de mettre sur pied un Comité d’experts chargé de rendre un rapport sur la « science responsable ».

C’est ce rapport que résume l’ouvrage en question, pas encore traduit, et pourtant pour le moins passionnant.

Le comité en question estime que si la science a bien changé ces cinquante dernières années, c’est parce que le système de récompense de la science a changé. Et, quitte à me répéter, je vous le redis : c’est passionnant.

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