L’été, on lit. C’est bien connu.

Mais que lire ?

Ainsi, par exemple, vous avez remarqué et vous êtes convaincus que nous vivons une période de bouleversements climatiques, sans savoir si ces bouleversements vont dans le sens d’un réchauffement global ou d’un refroidissement global ou d’une modification plus subtile. Vous ne savez pas non plus si ces changements en cours sont d’origine anthropomorphiques ou pas. Vous désireriez enfin lire quelque chose d’intelligent sur le sujet.

Vous voulez en savoir plus sur la transition énergétique ? Vous voulez connaître un peu mieux l’Asie ? Vous cherchez des biographies inspirantes ? Vous voulez savoir comment ils ont fait ?

Les suggestions de Perluciditas.

A propos de la transition climatique, les meilleurs livres sont plus que probablement en langue anglaise. Ça tombe bien si vous comptez non seulement lire, mais progresser dans la langue de Shakespeare, non ?

Il y a, tout d’abord, celui qui a été cité la semaine dernière, le livre du Conseiller de Monsieur Obama pour les questions climatiques, le livre de Steven Koonin, intitulé « non établi ? »,  avec le sous-titre « Ce que la science du climat nous dit, ce qu’elle ne dit pas, et pourquoi c’est important » (Unsettled: What Climate Science Tells Us, What It Doesn’t, and Why It Matters.) Vous y découvrirez un état de la science sur le sujet et… une contestation (de plus) de la méthodologie et des conclusions du GIEC.

Vous pouvez aussi lire le dernier ouvrage de Monsieur Schellenberg : il s’agit de l’écologiste qui a plus la cote à droite qu’à gauche. Il avait pourtant été élu « héros de l’environnement » par le magazine Time, en son temps… Il s’est fait remarquer et connaître parce qu’il exhorte depuis longtemps ses amis écologistes à adopter une vision plus optimiste, attitude selon lui plus efficace que celle qui consiste à jouer sur la peur. Partant du principe, je cite » qu’il est peu probable que les gens se soucient des ours polaires s’ils peinent à nourrir leurs enfants », Schellenberg n’a jamais hésité à engueuler les autres écolos pour leur rappeler que nous avons besoin du développement économique et technologique pour surmonter « les menaces contre l’environnement » : il reproche aussi à l’écologie d’en faire un peu trop avec le réchauffement, au risque de se déforcer sur d’autres fronts. Son bouquin intitulé « Apocalypse never : why environmental alarmism hurts us all » ne peut que mettre du baume au cœur de qui a envie à la fois d’être optimisme et ne rêve pas de vivre comme un homme de Cro-Magnon.

A propos de la transition énergétique, je vous recommande vivement « The new map », de Daniel Yergin. Daniel Yergin est un Américain et un gourou du monde de l’énergie. En 1991, il a reçu le prix Pulitzer de l’essai pour son livre intitulé : « les hommes du pétrole » (qui a été traduit), qui, comme son nom l’indique, raconte l’épopée des fondateurs des dynasties pétrolières aux USA. Dans « The New Map », il prend le contrepied de la théorie du pic pétrolier et souligne que le poids du pétrole dans la consommation énergétique est… rigoureusement le même qu’il y a trente ou quarante ans (avec le gaz : 80% de l’énergie consommée dans le monde). Il souligne aussi que les énergies renouvelables ne sont pas des énergies de substitution, mais bien des énergies « additives », qui plus est largement sinon totalement tributaires des subventions qu’on veut bien leur allouer… tant qu’on le peut encore. Il reprend plusieurs projections qui soulignent que, même subventionnées à outrance, elles aussi, en 2050, les voitures électriques ne représenteront au maximum que 50% des véhicules.

A propos de la « mondialisation », d’une part, et de la transition écologique, d’autre part, n’hésitez pas à lire « Sinews of war and trade », qui évoque le « Shiping and capitalism in the Arabian Peninsula » (« les nerfs de la guerre et du commerce. Transport maritime et capitalisme ») : vous y lirez que 90% des marchandises sont transportées par voie maritime. Vous y lirez que le pétrole représente 30% de ce que transportent les navires. Vous y lirez que Maersk (Danemark), MSC (Italie), Cosco (Chine) et CMA CGM (France) contrôlent près de la moitié du commerce mondial, que ces compagnies ne sont développées et ne continuent de se développer qu’en étroite collaboration avec les Etats d’où elles sont originaires. Et, surtout, vous y découvrirez que… plus de 70% du commerce mondial se fait entre sociétés multinationales !!! C’est donc ici d’un ouvrage particulièrement intéressant du fonctionnement réel du système international : vous y verrez de près la réalité du pouvoir et du capital et vous y lirez entre les lignes la gestion et la prépondérance toujours plus que prégnante du capital Américain. A noter qu’on y découvre combien, en matière de ressources (pétrolières et minérales), la Chine dépend de l’Occident en général, et des USA en particulier qui, aujourd’hui, pourraient TRES facilement en organiser le blocus.

Ceci nous amène aux métaux rares, enjeu industriel et, de plus en plus, géostratégique, surtout si on doit tous rouler avec des véhicules électriques. Cet excellentissime ouvrage, « la guerre des métaux rares », plus que surabondamment cité au travers des lignes de Perluciditas vous fera ouvrir des yeux comme des loupes. Pour les amateurs de spéculations, ce livre qui a reçu un prix d’économie est agrémenté, in fine, des durées pendant lesquelles on va encore disposer de telle ou telle ressource. Une petite critique tout de même : notre terre n’est immergée qu’à 30%, le reste étant recouvert d’eau et 96% des fonds marins, donc des 70% de terre « qui restent » nous sont totalement inconnus !!! ça laisse de la marge pour bien des découvertes, me semble-t-il, et je ne serais guerre surpris qu’on y pense de plus en plus. Si je devais investir à très long terme, je regarderais TRES volontiers dans cette direction. Message à retenir du livre : impossible, une fois qu’on a lu c livre, de ne pas s’apercevoir que les métaux dits « rares » ou non constituent un goulot d’étranglement de nos économies. Les implications sont plus qu’importantes, les opportunités aussi.

En ce qui concerne les « métaux rares », pour l’instant en tous cas, c’est en faveur de la Chine que la balance penche pour l’instant (même si le Danemark, avec le Groenland, qui lui appartient, a proportionnellement, de plus belles cartes que n’importe quel autre nation). Et si vous voulez comprendre l’Asie, je vous conseille les ouvrages suivants :

  • Pour l’approche historique sur le temps long, et au départ de l’Asie « mineure », je vous recommande l’excellentissime « Les routes de la soie» de Peter Frankopan. C’est un peu long, mais c’est superbement écrit, rempli d’érudition et magistralement mis en scène, mais cela intéressera surtout les « historiens ».
  • Sous un angle historico-diplomatique, extrêmement éclairant également et tout aussi bien écrit : « l’histoire du monde se fait en Asie »
  • Quant aux « nouvelles routes de la soie », retour à Peter Frankopan : moins bien écrit que l’autre, mais très documenté et très éclairant aussi, surtout si ce livre est mis en regard de « China Corp 2025 »
  • Ce qui m’amène naturellement à vous recommander aussi : « les géants d’Asie en 2025 ». Cet ouvrage fin se lit très facilement et va vous permettre de découvrir comment l’inde, la Chine et le Japon voient et considèrent leur histoire, le monde, la place qu’ils sont en train d’y prendre. Vous y découvrirez une vision beaucoup plus « nationaliste » que la nôtre, en ce sens que vous verrez que ces trois pays considèrent que les institutions internationales ont été construites par les Occidentaux à leur profit et qu’il convient de s’en méfier. Ici, je résume très fortement, mais cette clef de lecture est plus qu’éclairante. Elle le sera encore plus si vous complétez avec « la démocratie en Asie». S’il y en a trois à lire rapidement, c’est « la guerre des métaux rares », celui que je viens de citer (les géants d’Asie en 2025) et « le monde vu d’Asie ».

Comprendre, c’est bien. Être inspiré, c’est mieux.

Qui est inspirant ?

Au chapitre des biographies que je vous recommande :

  • La plus complète : « Warren buffet, l’effet boule de neige». Il s’agit de sa biographie officielle. Certes, elle fait près de 1.000 pages : au moins, vous saurez quoi faire s’il y a un nouveau confinement.
  • La plus instructive : « le monde selon Amazon ». as vraiment une biographie, mais une enquête édifiante à propos d’Amazon… et sur notre futur : une fois arrivé à la fin, vous comprendrez mieux les enjeux de la cinq G et pourquoi, si l’Europe est en retard là-dessus, elle est mal… C’est celle dans laquelle vous lirez le plus aujourd’hui ce qui se passera pour vous et moi demain.
  • La plus palpitante : « Elon Musk » qui, comme les deux précédents, ou au moins à égalité avec Jeff Bezos, est vraiment parti de rien. Sacrée paire de c…, l’Afrikaans !!!
  • La plus française car pour la drague, même virtuelle, il fallait un « French Lover » : « une vie choisie », la vie de Simoncini, le fondateur de Meetic, qui a roulé en Renault 4L en ayant régulièrement des huissiers jusqu’à sa première vraie augmentation de capital.
  • La plus « faites ce que je dis mais pas ce que je fais » : « on m’avait dit que c’était impossible», la vie de Jean-Baptiste ridelle, le fondateur de Criteo, un outil de publicité prédictive. Il vous dit « Vive la France » », il vous dit qu’il faut rendre au pays ce qu’il vous a donné, qu’il faut entreprendre en France,… et il vit en Californie, tandis que sa société est cotée à New-York. Un vrai Bobo ! le passage que j’ai préféré : celui où il explique tranquillement qu’après avoir flingué les trois premiers millions d’euros que d’autres avaient investis dans sa société, il annonçait que, pour la première fois après trois ans, sa boîte avait fait un chiffre d’affaires de … trois euros. (si, si ! et on s’étonne qu’il y a de plus en plus de gogos qui veulent rejoindre ce secteur et que pour eux la levée de fonds est un objectif en soi…)
  • La plus fouillée, la plus documentée, la plus pro et la plus instructive (surtout pour qui aime les OPA, le Private Equity et le droit des sociétés) : « l’ange exterminateur, la vraie vie de Bernard Arnault». Lui n’est pas du tout parti de rien. Héritier d’une « petite PME »… qui comptait 1.000 salariés, tout de même, il cède tous les actifs constitués patiemment sur les trois générations qui l’ont précédé, transformant cette société de construction de locaux industriels en société de promotion immobilière. Par après, il empile les raids. On y découvre qu’il ne renonce à rien et on comprend pourquoi les mots « cibles » et « prédateurs » ont cours dans le domaine des OPA. Recours systématique aux agences de détectives privés, campagnes de dénigrement,… ce Monsieur, dont l’image est bien lisse et qui veilleà fréquenter un establishment qui lui sert de boulier social et qui adore se présenter comme un « entrepreneur » est surtout quelqu’un qui, aidé de son conseiller (Pierre Godé, avocat, un temps Prof. de droit commercial à Lille), n’hésite pas non plus à rogner à son profit les intérêts des petits actionnaires. Hyper-instructif. Plus que vivement recommandé pour revoir la façon dont LVMH s’est construit et, en filigrane, la façon dont les affaires se font en France depuis trente ans.

Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’on soit reconfiné ou pas, vous ne devriez pas vous ennuyer.

Et si vous voulez un bon vieux roman qui vous tienne en haleine, un tuc que vous ne lâcherez pas avant de l’avoir fini, et plus particulièrement encore pour ceux qui aimaient Tom Clancy, je vous recommande plus que vivement « la flotte fantôme ».

Bonne découverte !