Le vol au Louvre révèle et souligne le délitement de l’état.
Qui sera sanctionné ?
Qui subira des conséquences au sein de la chaîne ?
Personne.
Et tout le monde le sait déjà.
C’est même la seule certitude, dans cette affaire.
Si le Louvre avait été une entreprise privée, outre que les détenteurs des objets d’art qui s’y trouvent y auraient pensé tout seul, les assureurs auraient exigé un système de sécurité digne de ce nom et en auraient réalisé régulièrement l’audit, avec leur client.
Mais surtout, si rien de tout ce que commande la prudence n’avait été fait, non seulement le directeur aurait été viré, mais sa responsabilité personnelle recherchée et, éventuellement, ses biens personnels saisis en cas de négligence grave.
Ce qui manque, dans la sphère publique continentale, ce sont des responsabilités personnelles.
La Grande Bretagne est, à cet égard, la seule vraie démocratie : elle applique UN SEUL DROIT, qui est réellement le même pour toutes et tous.
Il n’y a pas, en Grande-Bretagne, un « droit administratif » et un droit « pour les autres », parce que c’est bien ici de cela qu’il s’agit.
Même le Roi d’Angleterre peut se retrouver devant le même tribunal que n’importe quel quidam, jugé sur la base des mêmes règles et il en va évidemment de même pour tous les agents publics, dont la responsabilité personnelle est bien plus facilement mise en cause qu’elle ne l’est de ce côté-ci de la Manche.
Le système n’est certes pas parfait, mais quand un Anglais voit dans les constitutions continentales qu’il est écrit que la loi est la même pour tous, il sourit sans rien dire avec un sentiment de supériorité aussi profond que légitime sur ce point.
Sachez aussi que la Suisse a largement supprimé le statut de fonctionnaire depuis le début des années 2000 pour introduire à tous les échelons de ses administrations un régime similaire à celui qui prévaut en Grande-Bretagne, mis en place expressément et explicitement en vue d’instaurer une responsabilité et donc une responsabilisation accrue de ses agents.
Si demain, dans tous les musées de France, tous les directeurs et conservateurs étaient susceptibles d’être tenus personnellement responsables, je suis certain qu’au lieu de laisser aller les choses, ils se précipiteraient pour dénoncer par écrit à leur ministre de tutelle tel ou tel manque de moyen ou tel ou tel problème pour se dédouaner et que, la responsabilité se déplaçant donc vers ce dernier, le nécessaire serait rapidement fait.
Voilà qui découragerait aussi certains types de profils pour certains types de fonctions…
L’état n’a rien d’abstrait : il y a des gens qui en vivent et « l’état » ne se gêne nullement, « lui », pour responsabiliser à outrance les particuliers et les entrepreneurs (quand « il » me demande de payer la « TVA » cette taxe mal nommée puisqu’elle concerne le chiffre d’affaires et non la valeur ajoutée, « il » me demande de la payer sans m’accorder une once de délai, sans se préoccuper le moins du monde de savoir si j’ai « gagné » autant que lui, c’est-à-dire au moins +/- 20%, et surtout il me demande de le payer, que ma facture ait ou non été honorée, ce qui est un comble ! Bref, l’état est sans pitié pour ceux qui bossent, qui ne lui coûtent rien et qui lui rapportent, je ne vois vraiment aucune raison que ceux qui ont déjà la « certitude » d’être payés chaque mois sans trop d’exigences de résultats soient de surcroît exonérés de toutes leurs responsabilités ? Aucune !).
Puisqu’on vit une ère d’égalitarisme, et avant de connaître de nouveaux soubresauts d’ordre révolutionnaire comme l’histoire en a connu, il est peut-être temps d’en remettre un peu de cette « égalité » d’un côté qui a dérivé vers des privilèges outranciers.
Et si vous avez un doute quant aux privilèges, écoutez donc Monsieur Hollande en parler en 1989, année anniversaire de la Révolution (sur un site tout ce qu’il y a d’officiel)…
« L’Elite » de l’état ferait bien se rappeler que dans les écoles de la République, le peuple de France a été dressé à haïr les privilèges… et ceux qui en bénéficient.
Là aussi, pas grand’chose à changer, mais ça changerait tout.
Mais là aussi, il va de soi que ceux que ça n’arrangerait pas, surreprésentés au Parlement (plus de 90% est issu de la fonction publique ou politicien de carrière), risquent bien de s’opposer à ce genre de mesures.