Qui sanctionne qui, au juste ?

La situation est confuse. Je la résume.

La Russie, qui avait coupé son approvisionnement en gaz de l’Europe par son pipeline Nord Stream 2 pour de prétendues raisons de maintenance pendant dix jours, l’a réouvert à seulement 40% de débit, pour le réduire à nouveau à 20% ce jour, et ça pourrait descendre encore un peu.

Aujourd’hui (26 juillet) les Ministres de l’énergie Européenne sont réunis en vue de tenter de coordonner une diminution de 15% de la consommation. La mesure est à l’initiative de l’Allemagne, très dépendante du gaz Russe. L’Espagne veut que la réduction se fasse à due proportion de la dépendance de chaque pays.

La France pense aussi qu’il y a lieu de responsabiliser l’Allemagne.

Idem pour l’Italie.

Voilà pour aujourd’hui.

Et demain ?

D’après L’Agence Energétique Internationale, les Russes se préparent à arrêter les livraisons de gaz vers l’Europe, peut-être même dès cet été.

C’est officiel : vous pouvez vérifier ici.

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Le gaz fait l’objet de toutes les attentions, tout simplement parce que le Président Poutine menace de couper sa distribution aux états inamicaux, ce qui représente 8.3% de toute l’énergie de l’Union Européenne.

Or l’économie est d’abord une question physique, bien avant d’être un question de prix, de dettes, de monnaies etc. Sans énergie : pas d’usine, de transport, d’engrais, bref, pas de production.

Or, il est absolument évident qu’au contraire des journalistes et des politiques, les marchés ne croient pas une minute que l’on puisse remplacer le gaz par de l’électricité en France pour l’hiver qui vient.

Le prix spot aujourd’hui de l’électricité est d’environ 500 euros par MWh et le prix futur pour garantir son approvisionnement en décembre de cette année est de… 2000 euros par MWh !

En d’autres termes, les marchés pensent que nous n’aurons pas assez d’électricité l’hiver prochain, … et pas simplement de gaz.

Les marchés se trompent souvent, mais quand même, la pression est la plus forte jamais observée depuis quarante ans.

Et en attendant, Le Figaro copie ma « une » de jeudi dernier

En synthèse, après la visite du Président Biden, le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane est aujourd’hui reçu en grande pompe à l’Elysée. C’est le retour de la « realpolitik » pour essayer de compenser les approvisionnements en énergie qui vont faire défaut compte tenu de l’escalade des tensions diplomatiques avec la Russie.

Et la question est très sérieuse. La croissance économique dépend principalement du volume d’énergie primaire, et non de son prix. Il s’agit d’une question physique. Or la Commission Européenne va présenter dans les jours qui viennent un plan « Safe Energy for a Safe Winter », à savoir une réduction de 6% à 15% de la consommation de gaz pour pouvoir passer l’hiver. Le gaz représente 22% de la consommation d’énergie primaire de l’Union Européenne.

Ainsi, l’intensité de la récession à venir dépend de ces négociations. Je dis « récession », car le cuivre, ce métal dont le cours est considéré comme « baromètre avancé de la production industrielle, a perdu … 30% de sa valeur depuis février.

L’intensité des conflits sociaux en tous genre de la rentrée aussi, dépend de ces négociations, sans oublier qu’il faudra aussi adapter les outils et que ça prendra un certain temps, surtout à l’échelle d’un Continent : vous avez déjà essayer de faire fonctionner une chaudière au gaz avec du pétrole, vous ?

Comme aurait dit Bourvil : « Maintenant, ça va marcher beaucoup moins bien, forcément… »

J’ajouterais que sans gaz, il y en a qui vont nettement moins faire les malins.