Environ une décade après avoir été déclarée en faillite, la ville de Détroit connaît un boom qui se traduit notamment par une explosion des prix de l’immobilier.

Deux ou trois pondérations quant à ce qui pourrait se passer en Europe :

  • Différence principale entre les USA et les pays d’Europe, à mon sens : le « Law Enforcment», c’est-à-dire la volonté d’appliquer les règles. A savoir : l’intégralité du Conseil Communal de la ville de Detroit est allé faire un tour en prison pour détournements, magouilles, copinages, mais aussi simplement pour gabegies. Un message clair envoyé à tous les responsables publics qu’aux USA, « responsables » était un mot qui voulait toujours bien dire quelque chose…
  • La fortune héritée de la gloire passée de cette ville de l’automobile a alors été ré-investie par des gens qui étaient restés attachés à la région et n’avaient quitté le centre ville qu’en raison de sa mauvaise gestion : ils y sont revenus et ont recommencé à y investir quand la tendance s’est inversée, grâce au « law enforcement» évoqué à l’alinéa précédent. Etant donné qu’à l’issue de la deuxième guerre mondiale, les USA produisaient la moitié de la richesse du globe et plus des trois quarts de sa richesse industrielle, proportion qui ne sera jamais plus atteinte par un autre pays par la suite, et vu que Détroit était « le coeur de la machine » industrielle américaine de l’époque, il n’y a pas d’endroits dans le monde où il y aurait une telle concentration de grosses fortunes locales comparables héritées du passé.
  • En raison notamment de sa décroissance démographique, sans avoir connu une telle faillite, le secteur immobilier japonais affiche toujours des chiffres inférieurs de 30% en moyenne à ce qu’ils étaient en 1990. Or, la démographie allemande, par exemple, est en route pur une courbe similaire à celle qu’a connu le Japon. Celle du reste de l’Europe est, certes dans une moindre proportion, sur la même pente.

Donc, non. Après une faillite d’ordre public, ce qui suppose déjà un droit public qui permette de prononcer des faillites (quod non, en Europe), un redressement n’a absolument rien d’automatique. L’Espagne, par exemple, a été la première puissance économique du monde et ne s’est jamais relevée de son endettement. L’Argentine non plus…

Ce qui me paraît assez certain, par contre, c’est que si ceux qui s’appellent volontiers « responsables », ne le sont de facto jamais, en cas de véritables pépins liés à son endettement, l’Europe aura plus de chances de se rapprocher d’un scenario argentin que d’un scenario façon Detroit.